La facilitation graphique est une pratique artistique qui permet la restitution en temps réel d’un flux d’information au sein d’un groupe, et qui a connu un essort dans les dernières années, en montrant les avantages de la pensée visuelle. L’intelligence collective naît toutefois de la rencontre et se nourrit de nos échanges. Pour collaborer, nous avons besoin de nous retrouver.
Or dans le contexte de crise sanitaire que nous vivons aujourd’hui, il est de plus en plus difficile de nous rencontrer physiquement, et nous sommes nombreux à effectuer une transition vers le numérique.
dans le contexte de crise sanitaire que nous vivons aujourd’hui, il est de plus en plus difficile de nous rencontrer physiquement
Chang’In est en première ligne dans cette transformation et développe une série d’outils pour vous accompagner dans le changement, comme la facilitation graphique à distance.
Aussi bien que les réunions en effet, la facilitation graphique peut-être effectuée à distance, en visio-conférence, de manière pratique et efficace. Dans ce cas, le facilitateur est un participant comme les autres à la réunion, et partage son écran avec le résumé en dessin réalisé en temps réel.
la facilitation graphique peut-être effectuée à distance, en visio-conférence, de manière pratique et efficace
Le résultat est visible à tout moment par tous les participant, à l’écran ou projeté, et sa version numérique est immédiatement disponible pour enrichir le compte-rendu.

Dans ma carrière de facilitateur graphique freelance, j’ai eu l’occasion de tester toute sorte de matériel de dessin.
Tout d’abord, je souhaiterais faire un premier constat : le matériel n’est pas le plus important. Même si nous sommes amenés à penser qu’il faut absolument telle marque ou tel modèle de marqueur pour bien travailler, ce qui fait la différence c’est surtout la capacité du facilitateur graphique de résumer une idée à travers une métaphore visuelle, et savoir la dessiner rapidement. En faites, il nous est tous arrivé de devoir travailler dans des conditions pas optimales (un marqueur qui meurt en live et dont nous n’avons pas de rechange, ou du papier que celui différent car nous ne pouvons pas accrocher le notre) sans que notre prestation en soit foncièrement affectée. Personnellement, je viens du monde de l’architecture et de l’illustration, qui demandent une recherche beaucoup plus précise en terme de matériel de dessin, et ayant enseigné pendant des nombreuses années le dessin dans des écoles d’art j’ai toujours répété à mes élevés que c’est la main (et le cerveau) qui font la différence, et non pas l’outil.
le matériel n’est pas le plus important
Ceci dit, il est vrai que le choix du matériel a sa raison d’être, et il est très important, avant de se lancer dans la facilitation graphique en live, de prendre le temps pour tester, expérimenter et rechercher quel outil est le plus adapté à notre style et notre manière de travailler.
Dans ce post, je passerai en revue mes choix par catégorie, en essayant d’argumenter mes critères de sélection. (Bien évidemment je ne suis sponsorisé par aucune marque et il s'agit de préférences strictement personnelles).
Après en avoir testé des dizaines, mon choix s’est rapidement calé sur les Aquabrush de la marque Lyra. La raison est très simple. Ces marqueurs possèdent une pointe souple qui permet le trait modulé. L’épaisseur et la flexibilité de la pointe en pinceau permettent un contour avec des grandes variations. C’est à la fois quelques choses de complexe à maîtriser, mais il donne également à mon avis tout son charme au dessin. Les marqueurs Lyra possèdent 2 pointes, dont une en pinceau et une très fine (dont je ne me sers jamais). Ils ont aussi 2 autres particularités qui les rendent parfaits pour moi. 1) Diamètre réduit. Étant donné la faible encombrement de ces marqueurs, ils est tout à fait possible d’avoir tous les couleurs à portée de main dans la poche ou bien dans la sacoche de ceinture (voir chapitre dédiée aux accessoire). 2) Longueur. Ces marqueurs sont beaucoup plus longs que les autres marques, et stockés à la verticale, la pointe dépasse toujours le bord de votre poche, ce qui permet de les saisir et déposer très rapidement sans devoir fouiller.
Si pour une raison de style vous n’avez pas besoin d’un contour variable, je recommande d’utiliser les marqueur Lumocolor de la marque Staedler, ou encore les Uni Prockey. Pour les éléments qui ne demandent pas un tracé complexe, comme les lettrages ou les encadrements, j’utilise moi-même ces marqueurs, qui ont une belle capacité de recouvrement.
Je sais que tout le monde dans le milieu de la facilitation graphique parle des marqueurs Neuland. Bien évidemment, il s’agit de produits excellents et j’ai ai utilisés plusieurs pendant un certain moment, mais je trouve la pointe très rigide, ils prennent beaucoup de place, et ils ne s’adaptent pas à mon style de dessin.
Dans tous les cas, quel qu’elle soit la marque, il y a un critère incontournable pour le choix. Il faut privilégier des marqueurs à l’eau et éviter à tout prix les marqueurs à l’alcool. Ces derniers en faites passent à travers le papier, surtout quand le grammage est fin et ils risquent de tâcher la surface derrière. En cas d’accrochage au mur, cela peut être source de problèmes sérieux. Vous allez vite vous rendre compte que les clients posent souvent la question des marqueurs et de leur propreté, surtout que les salles sont souvent louées.
Pour ce qui concerne le papier, tout dépend de l’usage. La facilitation graphique n’est pas une performance artistique mais plutôt un outil de travail et de réflexion. Le support n’est donc pas pensé à la base pour être beau et durable. Toutefois, étant donné que cela ne prends pas plus de temps d’exécuter un dessin sur du papier de qualité, autant réfléchir en à mont sur ce choix.
Je conseille donc toujours de discuter avec le client. Personnellement, j’offre toujours 2 options. Du papier fin (90g), quand le but n’est pas forcement de garder la fresque, et du papier multi technique plus épais (200g), si le client veut quelques choses de plus durable.
Pour les deux, j’utilise un rouleau 1mx10m de la marque Clairefontaine.
Un papier plus épais est globalement de meilleure qualité et il permet que la fresque ne s’abîme pas, une fois la presta terminée, si on l’enroule pour la transporter. Par contre il est bien évidemment plus coûteux (il faut compter à peu près 30€ pour les 10m) et un peu plus difficile à accrocher car il possède plus de résistance. Attention, qui dit épais dit plus de fibres de cellulose et ces dernières ont la tendance à absorber beaucoup plus de pigments. Cela veut dire que vos marqueurs vont durer moins longtemps.
Les accessoires ne sont pas indispensable, mais constituent le petit plus qui permet de personnaliser sa manière de travailler. Pour ce qui concerne l’ergonomie pendant le dessin, j’ai toujours utilisé un étui vertical. J’en ai plusieurs qui ont tous la particularité de s’ouvrir en haut et pouvoir s’accrocher à ma ceinture.
Le plus pratique est un petit étui (à la base pensé pour s'accrocher à la selle d'un vélo) qui peut se scratcher. Sa taille est parfaite pour contenir tous mes marqueurs + un petit bloc notes (pour les annotations), et cela me permet d’avoir toujours tout sur moi.
Autre accessoire important est le chevalet télescopique, très utile dans les salles où pour une raison ou une autre il n'est pas possible d'accrocher le papier au mur. Personnellement j'en ai deux de la marque Dawler-Rowney, ultra-légers (à peine 900g) et compactes, qui me permettent de soutenir des supports rigides allant jusqu'à 2m50.
Dans ma petite boîte à outils, je garde également toujours du scotch type Tesa, du blanco et des papiers blancs adhésifs à découper (pour les corrections), des ciseaux/cutter, et des épingles.
J'espère que ce petit post puisse vous aider à vous orienter dans la recherche d'outils adaptés à la pratique de la facilitation graphique et le sketchnoting. N'hésitez pas à partager vos expérience dans les commentaires.
L'article suivant a été publié dans le numéro 167 de Plan Libre, le journal de ma Maison de l'Architecture de la région Occitanie, de mai 2019, avec le titre "La facilitation graphique comme architecture de l'information". Merci à Guillaume Beinat pour la coordination. Photo © de Ivan Mathie.
La facilitation graphique comme architecture de l’information
Une image vaut plus que mille mots. Combien de fois avons-nous entendu cette phrase ? En tant qu’architecte, illustrateur et facilitateur graphique, je suis souvent confronté à la nécessité d’expliquer l’importance de la communication visuelle dans notre environnement. La facilitation graphique est une jeune discipline qui connaît un essor grâce à la « démocratisation » du dessin. Elle essaye de démontrer les avantages scientifiques que déclenche l’usage efficace d’images dans un contexte professionnel.
La facilitation graphique est une pratique artistique qui permet la restitution en temps réel d’un flux d’information ou d’un échange au sein d’un groupe. Si vous avez déjà assisté à des réunions, meetings, conférences, où une personne écoute discrètement les intervenants et traduit en images leurs discours, vous avez vu de la facilitation graphique en action. La technique principale utilisée par les facilitateurs graphiques est celle de la fresque. Une feuille de papier de plusieurs mètres de long synthétise et structure les informations afin de permettre une vision d’ensemble sur un sujet.
Le lien qu’entretiennent l’architecture et la facilitation graphique est d’ordre historique. La facilitation graphique naît en 1972 à San Francisco à travers la rencontre du consultant David Sibbet, David Straus et Michael Doyle. Ces deux derniers sont architectes de formation et travaillent sur l’idée d’introduire une méthode pouvant être utilisés par les architectes, les designers et d’autres créatifs dans le « problem solving ». Celle-ci pourrait aider à développer une approche collaborative pour la prise de décisions. Ils sont fascinés par les brainstormings collectifs et organisent régulièrement des rencontres dans lesquelles ils encouragent des membres à enregistrer les concepts sur de grandes feuilles. Ces rencontrent attirent l’attention de plusieurs personnes qui gravitent autour de l’innovation. Entrepreneurs, créatifs, ou mêmes étudiants universitaires. Parmi eux, un autre architecte, Joe Brunon, intègre rapidement l’équipe pour y développer un style qu’il appellera ensuite le « graphisme génératif ». Sa technique consiste à dessiner des schémas complexes avec multiples branches, tout en gardant le coup de crayon et le sens de la composition d’un architecte. Dans ce contexte naît « Group Graphic », le premier cabinet de conseil qui propose des services de facilitation graphique. Au moment de ces évènements ni David Straus, ni Micheal Doyle, ni Joe Brunon ne travaillaient principalement comme architectes. Il est donc difficile de définir dans quelle mesure nous pouvons affirmer que ce sont des architectes qui ont inventé la facilitation graphique. Cependant il est certain que ce n’est pas un hasard si des tels profils ont joué un rôle central dans la création de cette discipline, puisqu’il s’agissait de personnes ayant l’habitude de travailler avec des visuels.
La facilitation graphique naît en 1972 à San Francisco à travers la rencontre du consultant David Sibbet, David Straus et Michael Doyle. Ces deux derniers sont architectes de formation et travaillent sur l’idée d’introduire une méthode pouvant être utilisés par les architectes, les designers et d’autres créatifs dans le « problem solving ».
La facilitation graphique est très liée aux sciences cognitives, aussi il est intéressant de parler de « pensée visuelle ». En effet, l’architecture et la facilitation graphique utilisent le dessin comme un outil de travail et non pas comme une finalité. Ce dessin, spontané, primordial, souvent au deuxième plan dans une réalité d'agence CAD (ou plutôt BIM maintenant), s'exprime dans les situations les moins attendues. Une esquisse rapide en réunion, devant un client, ou bien un détail de construction dessiné lors d’un chantier sur une plaque de BA13 pour clarifier un doute. Cet acte, est en quelques sorte un acte d’engagement, un pas vers l’autre, une tentative de communiquer autrement qu’à travers les mots. Il est curieux de constater à ce propos, que les études effectuées sur la vie du peintre Américain Bob Ross montrent comment notre système de vision est attiré naturellement par les dessins réalisés en temps réel. Le fait de voir un processus qui se déroule au fur et à mesure devant nos yeux, permet une meilleure compréhension du sujet car l’information est construite petit à petit. De surcroît, il existe de nombreuses preuves de l’efficacité de la communication visuelle, en terme de mémorisation ainsi que de compréhension. Par exemple, nos yeux contiennent 70% de la totalité de nos récepteurs sensoriel. Ils n’ont besoin que de 150 ms pour traiter un symbole et de 100 ms pour y associer une signification. Notre signalétique routière ne serait pas aussi efficace si l’on remplaçait les pictogrammes par des mots.
La facilitation graphique peut également être interprétée comme une « architecture de l’information ». En effet, elle recourt à la notion d’échelle. Elle permet de codifier sur un support en deux dimensions un volume plus grand. Elle permet surtout de comprendre le sujet d’une discussion, ses catégories principales, et sa sous-catégorie. Comme en architecture, il se lit la structure et le gabarit d’un bâtiment pour ensuite dé-codifier ses détails ornementaux. Chaque information nouvelle se rajoute à la précédente de manière organique selon un critère d’importance et non pas de temps. Pour ce faire, le facilitateur graphique instaure un cycle en trois étapes : Récolter – Trier – Montrer
Il est essentiel ici de rappeler qu’être architecte veut dire tout d’abord « penser visuellement ». Cette même pensée permet la visualisation du projet (jeter en avant selon l’étymologie) avant qu’il soit tracé. L’architecture a toujours été liée à d’autres disciplines graphiques et a tout intérêt à garder cet échange afin de pouvoir s’exprimer pleinement. La facilitation graphique est donc une forme supplémentaire de communication visuelle qui ne se fait pas au détriment de la communication verbale. Si pendant longtemps nous avons accepté la division des hémisphères cérébraux (avec les notions de cerveaux droit et gauche associés respectivement aux activités créatrices/visuelles et de calcul verbal analytique), nous savons aujourd’hui qu’il s’agit d’un mythe. La pensée visuelle et la pensée verbale ne sont pas antagonistes, elles sont complémentaires. C’est justement l’association de l’image et la parole qui permet la compréhension maximale d’un concept.
Livio Fania
Bibliographie essentielle :